CR de la sortie Ophrys précoces de la Haute-Vallée de l'Aude

Rendez-vous à 9h30 à la sortie d'autoroute (Carcassonne) puis direction la Haute-Vallée de l’Aude avec un second rendez-vous vers 10h sur le parking de la gare d'Alet-les-Bains. Après les retrouvailles pour certains et les présentations pour d'autres, nous prenons la route vers le premier site...

Après quelques kilomètres de route nous arrivons à Luc-sur-Aude pour un premier arrêt (Lieu-dit Le Causse, Matte de Bertrand). Une petite marche de 15 minutes sous un beau soleil printanier nous permet d'arriver sur une vaste pelouse calcicole exposée Sud, sur calcaires lacustres. Après une brève présentation du site et de sa gestion (pâturage par des troupeaux de brebis, parfois quelques chevaux) mais également du cortège d'espèces que l'on peut rencontrer au fil des saisons, nous entamons l'observation des orchidées présentes. L'année est particulièrement favorable et nous ne tardons pas à observer les premiers Ophrys forestieri (syn. lupercalis) dont les populations sont très importantes cette année. Plusieurs centaines de pieds sont vus et cette espèce nous permet d'observer la grande diversité de taille de la plante, de forme et de coloration du labelle. Au milieu de ces forestieri poussent une autre espèce d'Ophrys... la discussion sur l'espèce peut commencer ! Ces ophrys précoces sont l'objet de cette sortie et un des objectifs est de discuter sur le nom que l'on doit attribuer. Les caractères sont décrits aux participants et tout le monde se met à observer le champ basal et sa couleur (concolore au labelle ou non?), les pseudo-yeux (verts, noirs, intermédiaires...) mais également la couleur du périanthe. Quand on est sur le terrain et que les deux espèces sont côte à côte il est alors évident de distinguer les 2 Ophrys présents en nombre : Ophrys exaltata subsp. marzuola (syn. occidentalis) et cet ophrys précoce du groupe aranifera.
Pas de doutes possibles, Ophrys exaltata subsp. marzuola est bien présent avec ses pseudo-yeux noirs et champ basal concolor au labelle (nous observerons même quelques très rares Ophrys de mars avec des pétales colorés). Quand au second Ophrys du groupe aranifera il possède lui aussi des caractères bien remarquables. Les pseudo-yeux sont bien verts, le champs basal de forme trapézoïdale est de couleur orange/brique (contrastant bien avec un labelle plus foncé) et les plantes ont une dimension plus importante. Nous sommes en présence d'un Ophrys précoce ! Alors quel nom lui donner ? Les discussions sont lancées : pour certains on pourrait être sur Ophrys massiliensis avec des fleurs grandes et dans un biotope différent de celui de la description de ce taxon, mais dans la gamme de variabilités comme décrit récemment pour l’ensemble de l’Occitanie in L’Orchidophile n° 223 - 2019,  Soca R., Alborghetti  M.,  Blais P.-M. et M. Nicole, 2019. L’aire de répartition d’Ophrys massiliensis s’étend vers l’ouest de l’Occitanie (France). Et pour d'autres, il s'agirait d’Ophrys suboccidentalis décrit récemment par Ring & Wilcox (in L'Orchidophile n°215 – 2017 – Ophrys suboccidentalis Ring, Querré & Wilcoxsp. Nova et Ophrys suboccidentalis subsp. Olonae Ring, Querré & Wilcox subsp. Nova : deux nouveaux taxons pour l'arc atlantique – p.379). Rien n'est figé ni arrêté, nous resterons sur Ophrys aranifera précoce.
Les observations se poursuivent au milieu de centaines d'Ophrys et face à un paysage d'où l'on embrasse une bonne partie des Pyrénées audoises (Madres, Saint Barthélémy, Pic de Bugarach...) et même catalanes puisque le Canigou eneigé nous fera l'honneur de sa présence.
Je connais bien ce site depuis des années et je me suis longuement posé une question : Pourquoi n'y ai-je jamais vue d'hybrides ?...je lance donc un défi au groupe, me trouver un hybride ! (bien entendu une bouteille de vin rouge local sera offert à celui qui m'en trouvera un). Les observations continuent et au bout de quelques temps, François, notre ami aveyronnais, nous crie : « Hybride !!!! ». Il était bien là, au milieu d'un groupe d'Ophrys forestieri et d'Ophrys exaltata subsp. marzuola. Une abeille solitaire infidèle s'est donc permise de mélanger les pollinies pour nous offrir un Ophrys forestieri x exaltata subsp. marzuola (Ophrys x carquierannensis). Belle découverte !
Déjà 13h, le temps passe très vite et nous entamons le retour vers les voitures. Nous en profitons pour observer le paysage et pour faire quelques observations botaniques (Potentilla verna en fleur, Narcissus assoanus par centaines). Un arrêt sur le second site, une pelouse entretenue et pâturée par des chevaux (sur marnes calcaires d'où une végétation différente du premier site pourtant très proche) afin d'observer un Ophrys qui me pose problème : toutes les caractéristiques d'un Ophrys passionis mais la phénologie ne correspond pas...nous l'observons, il y a bien les caractères de passionis (labelle orbiculaire foncé, pincement à la base du labelle et du gynostème, champ basal foncé, bande rouge orangée sur le pourtour du labelle, pétales larges, rouges et ondulés... Difficile de donner à cette fleur le nom de passionis, on en déduira potentiellement un hybride... sans réelle certitude.
Les observations prennent fin sur cette commune et nous prenons les voitures pour se diriger vers le deuxième secteur : Conilhac-de-la-Montagne.
Tout d'abord une pause repas bien méritée en terrasse face aux Pyrénées et au célèbre Puech de Bugarach. Une dégustation sans prétention de vins locaux afin de varier les plaisirs et de faire découvrir un autre trésor de la Haute-Vallée : le Chardonnay. Quoi de mieux que de déguster un cépage local en plein terroir viticole, face aux vignes !
Après cette pause et cette reprise de forces, direction le troisième site d'observation....et là pas besoin de prendre la voiture. Après quelques centaines de mètres à pieds nous arrivons sur une zone naturelle exposée plein sud (altitude 402 mètres) et caractérisée par une pente relativement importante. Nous sommes sur sols peu profonds, composés majoritairement de marnes calcaires et subissant un fort phénomène d'érosion hydrique. Le terrain est lacéré par les talwegs formés lors des fortes précipitations. Cet espace de nature est composé de pelouses sèches à Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis) et à Brachypode rameux (Brachypodium ramosum), qui sont en cours de fermeture vue la densité importante de genêts scorpion (Genista scorpius), de genévrier (Juniperus oxycedrus) et les premiers pins d'Alep (Pinus halepensis) en installation. Les observations seront quasi identiques à celles de la matinée : Ophrys forestieri, Ophrys exaltata subsp. marzuola, Ophrys aranifera précoce : O. massiliensis ? O. suboccidentalis ?. Le mystère est toujours là.
Il est tout de même à noter quelques observations intéressantes :
    • un Ophrys forestieri avec lusus : les sépales étant semi-labellisés
    • un Ophrys aranifera précoce hypochrome avec hampes florales
    • une diversité importante de couleurs de périanthes pour Ophrys exaltata subsp. marzuola (blanc, rose, rouge, marron...)
    • quelques individus d'Ophrys bilunulata (marmorata), nous pouvons alors observer les différences avec Ophrys forestieri
    • et surtout un individu de très grande taille d'Ophrys aranifera précoce sur lequel nous pouvons observer une taille très importante du labelle, une forme trilobée du labelle, une bande jaune bien marquée en bordure de labelle, des feuilles engainantes à la base de la tige (protection possible contre les gelées printanières des boutons floraux – nota : les premiers ophrys précoces sur ce site se sont ouverts autour du 10 février). Les discussions seront à nouveau lancées concernant le nom de cette espèce.
    • les premiers Ophrys lutea de la saison, bien en avance !
Déjà 16h, nous mettons fin à cette journée sur le thème des Orchidées précoces de la Haute-Vallée de l'Aude. Mais avant de repartir un arrêt sur le chemin du retour pour observer un unique pied d'Himantoglossum robertianum en pleine floraison, du haut de ces 35 cm il porte bien son nom d'Orchis géant !
Le temps aura été très ensoleillé, printanier et clément. Je tiens à remercier tous les participants pour cette première sortie de 2020 d'avoir apporter leurs compétences en identification et observation, la bonne humeur générale ainsi que l'enthousiasme.

Richard RIBAUT

dim.

08

oct.

2023

Stand de la SFO-Pyrénées Est, Abbaye de Fontfroide

Les 6-7-8 octobre 2023 la SFO-Pyrénées Est a tenu un stand au 17ième Festival-Orchidées à Fontfroide ayant pour thème cette année «Orchidées miniatures».

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dim.

16

avril

2023

Sortie S.F.O. Pyrénées Est à Canet-d’Aude et à Moux (Aude)

Au départ de Lézignan, visite d’une parcelle sur le site du domaine de la Domèque, commune de Canet-d’Aude. Le but, observer une très riche station d’Ophrys bombyliflora, présentant jusqu’à 10000 pieds les bonnes années, autour de 3000 les moins bonnes.

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sam.

18

mars

2023

Torreilles - Camp Joffre

Téléchargez le compte-rendu de la sortie ici.

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